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Publié par Caroline

Vendredi 23 août 

 

Quelle incroyable journée ! Les montagnes russes de l’émotion... 

 

Je suis dans l’avion qui nous ramène à la maison...Comme d’habitude, j’ai le cœur serré et des images plein la tête... les meilleures, celles qui m’émeuvent jusqu’aux larmes. Je n’ai pas besoin d’aller les chercher bien loin, rien qu’aujourd’hui, nous avons côtoyé ce qu’il y a de meilleur dans l’être humain. Nous avons approché les contrastes les plus désarmants de la planète mais aussi les couleurs du monde, noir et blanc. 

 

Je ne sais par quoi commencer... reprendre une chronologie, le carnet de voyage habituellement rempli par nos anecdotes et péripéties. Je ne sais pas si cela convient. Il ne s’agit pas tant d’aventures ou de rencontres mais plutôt d’une aura, de petites particules invisibles par les yeux. Le cœur est le seul organe sensible et réceptif qui puisse les percevoir, s’en imprégner avant de les envoyer vers notre cerveau. Garder la substance. S’en servir contre le spleen de l’être humain. Se confronter à d’autres idées. Au visages du monde. À l’histoire. Montrer à nos enfants que l’inconnu n’a rien d’angoissant, que l’on peut faire confiance au genre humain, ici ou ailleurs, avec nous ou sans nous. Le chemin peut être différent mais nous partageons les mêmes valeurs. Il faut fermer les yeux et ouvrir grand son cœur. Recueillir chaque particule comme un cadeau. Cela paraît si abstrait, je ne sais pas comment l’expliquer. Il n’est pas question de religion ou de race mais de l’homme.

 

Il y a eu d’abord du blanc... enfin d’abord du noir hier soir. Nous rencontrons Mabala par hasard. Nous devons prendre un taxi pour gagner Petroria, ville administrative de la banlieue de Johannesburg, à une cinquantaine de kilomètres. Si je dis ville administrative, ici il n’est pas question de petites maisons en tôle, vous lisez entre les lignes ? ... La station de location a appelé un taxi après s’être assuré auprès de nous que le prix convenait, moins cher qu’un Uber, nous n’hésitons pas longtemps... je m’en veux presque en écrivant ces lignes... Notre chauffeur se révèle être un vieil homme aimant parler de son pays, riant de nos maladresses et pérégrinations africaines. Il me fait penser au personnage du grand-père dans l’album L’Afrique, petit chapka. Un grand homme sage et humble. Nous nous sentons si bien en sa présence que nous lui demandons de revenir nous chercher le lendemain pour visiter Soweto.  

 

Nous arrivons à Petroria, nous passons du « retour à la civilisation » à un autre monde. Les grandes maisons sont rassemblées dans un quartier sous haute sécurité où il faut montrer patte blanche pour entrer... ou plutôt son empreinte digitale. C’est comme un village entouré de hauts murs, barbelés, avec un poste à l’entrée avec de nombreux gardes et des herses sur la route qui rentrent dans le sol quand les visiteurs tapent le bon code (temporaire). Lorsque nous nous présentons à l’entrée, il est environ 17 h 30, c’est le retour du travail... Nous... enfin surtout les garçons, fans d’engins à 4 roues, sommes littéralement scotchés aux fenêtres de la voiture. Il faut imaginer toutes les 15 secondes, un véhicule s’approcher, le chauffeur qui pose son doigt sur le boîtier et devant nous c’est le défilé; Fred me souffle les modèles : BMW X5M, M4, Mercedes SL33AMG, Bentley, Aston Martin, Audi RSQ7... Le matin même nous étions encore à nous émerveiller des étendues sauvages et de l’isolement du Drakensberg ! ... Les maisons sont de la même trempe, pelouses tondues, haies taillées au millimètre, piscine... tout y est comme dans les films américains, en plus un immense terrain de golf qui permet à ses résidents de pratiquer à demeure, chacun avec sa voiture de golf garée dans le garage. J’ai déjà les sentiments qui s’entrechoquent. Je me demande ce que Mabala pense de tout ça.... Nous arrivons devant une belle et grande demeure à colonnades. Nous sommes arrivés chez Marietji et Giepie rencontrés au Kruger 2 semaines plus tôt...

 

Leurs 4 fils sont là ainsi que deux de leurs belles-filles. Nous sommes reçus comme des rois et passons une formidable soirée auprès de cette famille unie, humble et généreuse. Comme dit Marietji, elle sait ce que c’est des garçons ! Alors pas de chichis, elle leur propose de manger devant la télé. Bien sûr,  les petits bonhommes sont ravis... c’est quoi une télé déjà ?... sans oublier Aava, leur petite bouledogue qui aura réussi à réveiller tout le monde ce matin ! Nos boules de poils nous manquent et elle en aura bien profité... Un dernier braï. Des anecdotes sur nos aventures respectives en Afrique, souvent à en rire. Et puis des conseils sur un futur roadtrip qui pourrait nous mener sur des terres encore plus sauvages...

Nous n’avons pas encore compris les thermostats en Afrique. Déjà il n’y a pas de radiateurs dans les maisons (ou alors ils sont bien cachés) et encore moins dans les campings... les douches c’est aussi une énigme, souvent froide ou coupée... Le matelas chauffant nous aura bien servi cette nuit !

Ce matin, après un petit-déjeuner gargantuesque, nous partons explorer le quartier en voiture de golf. C’est bien sûr la fête pour les garçons qui se tiennent debout à l’arrière ! Une compétition de golf est organisée dans le « village ». Nous découvrons un magnifique quartier résidentiel, verdoyant et ombragé où de nombreux africains œuvrent à la tâche pour entretenir les lieux.  

À 11 h, nous faisons nos adieux. Les garçons n’ont plus envie de partir. Et nous non plus d’ailleurs. 

 

L’autre direction de la journée s’appelle Soweto. J’ai cassé les pieds à Fred pour nous rendre dans cette banlieue défavorisée en pleine reconstruction. Au départ, nous souhaitions prendre un tour guidé mais le prix nous paraissait élevé. J’ai ensuite lu que nous pouvions visiter seuls quelques quartiers sans problème. Nous avons donc décidé la veille de nous faire emmener en taxi et de visiter par nous même.

J’avais entendu parler de Soweto lorsque nous avions commencé à préparer notre voyage. Après la visite de l’apartheid museum j’avais vraiment envie de voir de mes yeux cette banlieue, lieu de résistance et d’affrontement lors de l’apartheid.

Cette visite a été un moment inoubliable car notre chauffeur a vécu cette sombre période de l’histoire. Il nous a raconté avec humilité et sans rancune les restrictions, injustices et tueries subies par le peuple noir vivant en Afrique du Sud. Il nous a fait passer par les lieux des événements marquants, descendant avec nous pour mieux expliquer ou alors nous accompagnant en silence comme si les pierres ou les images pesaient plus lourds que les mots. De temps en temps, je le surprenais à prendre Léon par les épaules avec une grande gentillesse. Les lieux étaient vraiment chargés d’émotions. J’ai été particulièrement émue au musée Hector Pieterson devant les briques qui portaient chacune le nom et la date de naissance des enfants tués par la police alors qu’ils manifestaient (le gouvernement venait d’imposer l’anglais comme langue d’enseignement dans les écoles). Ce musée porte d’ailleurs le nom du plus jeune qui avait alors 12 ans...

Au moment de quitter Mabala devant l’aéroport, nous ne savons pas comment le remercier pour sa gentillesse et ces 5 heures passées au cœur de l’histoire récente du pays. Nous décidons de lui offrir toutes nos provisions de voyage...

 

Nous ne sommes pas vraiment en grande forme lorsque nous nous retrouvons dans l’aéroport de Johannesburg... Nous avons vécu tellement de belles choses, émotionnellement parlant, ces 24 dernières heures... Léon, le grand sensible de la tribu, pleure silencieusement, il ne veut pas partir. Fred n’est pas beaucoup mieux et moi j’ai du mal à retenir mes larmes...

 

Nous avions choisi l’Afrique du Sud parce que c’était le seul continent que nous nous ne connaissions pas. Aujourd’hui, nous sommes sûrs d’une chose : nous reviendrons...

Les tours de Soweto d’ où il est possible de sauter à l'élastique

Les tours de Soweto d’ où il est possible de sauter à l'élastique

Terrain de golf

Terrain de golf

Des milliers de pierres ont été déposés devant la maison de Nelson Mandela à son décès. Certaines ornent encore les parterres.

Des milliers de pierres ont été déposés devant la maison de Nelson Mandela à son décès. Certaines ornent encore les parterres.

SowetoSoweto

Soweto

Freedom square : pour la première fois, le peuple noir se réunit pour manifester son opposition au régime de l’apartheid.Freedom square : pour la première fois, le peuple noir se réunit pour manifester son opposition au régime de l’apartheid.
Freedom square : pour la première fois, le peuple noir se réunit pour manifester son opposition au régime de l’apartheid.Freedom square : pour la première fois, le peuple noir se réunit pour manifester son opposition au régime de l’apartheid.

Freedom square : pour la première fois, le peuple noir se réunit pour manifester son opposition au régime de l’apartheid.

FNB stadium, le plus grand stade d’Afrique avec une capacité de 94 736 sièges

FNB stadium, le plus grand stade d’Afrique avec une capacité de 94 736 sièges

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Y
Merci pour ce magnifique témoignage. Vous avez su mettre les mots justes sur l'essence même du voyage et du partage.
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