Entre le désert et l’océan

Mercredi 3 août

Comment des rails peuvent être aussi photogéniques ?

Le sable a changé de couleur. Le ciel est plus bleu ou est-ce la couleur du sable qui change la couleur du ciel ? C’est si beau. Cette route qui part sur la côte. Comment le désert peut - il avoir autant de visages ?

La route trace un sillon dans les dunes. Dans quelques kilomètres nous arriverons à Kolmanskop. Je me souviens de cette photographie dans un livre ou encore de cet article dans le magazine Géo. Je n’attends rien mais je suis impatiente.

Pendant que je me prépare à la rencontre, les garçons filment un tracteur qui entretient les abords des rails du train. Il est vrai que c’est sacrément original de voir de tels engins au milieu des dunes ...

Kolmanskop la ville diamantifère fantôme de la Namibie (à 10 km de Lüderitz), à la fois un site historique, inattendu, remarquable. Un peu d’histoire est nécessaire pour comprendre ces murs érigés en plein désert.

Kolmanskop était à l’origine le siège de la Consolidated Diamond Mines.

Son histoire débuta en 1908 lorsqu’un travailleur ferroviaire trouva un diamant. La nouvelle de la découverte se répandit et les colons allemands s’installèrent en masse pour exploiter les ressources de cette région.

Plus de 5 millions de carats de diamants furent extraits lors des six premières années d’exploitation. En raison de sa faible densité de population, la cité détenait le niveau de richesse par habitant le plus élevé au monde.

À son apogée (autour de 1920), la petite ville possédait un casino, un bowling et un théâtre (il y avait même un club de gymnastique). Elle regorgeait de nombreux commerces tels qu’un fabriquant de glace et possédait même sa propre centrale électrique.

La chute des ventes de diamants après la seconde guerre mondiale et la découverte de filons plus riches à Oranjemund mirent fin à cet âge d’or. En 1956 la ville était totalement déserte et le sable reprenait ses quartiers.

L’esprit européen y est partout : des papiers peints aux fleurs fanées, au carrelage géométrique en passant par le vaisselier au bois usé, les prises électriques vieillissantes ou les toilettes abimés. Retrouver un tel confort de vie au milieu du Namib c’est incroyable mais cela l’est encore plus quand on sait que cela date d’une centaine d’années.

Nous visitons tour à tour la boulangerie, la boucherie, l’hôpital, l’école, la mairie, la maison de l’architecte, etc ... et même une piscine d’eau de mer !

J’imagine l’affairement de l’époque. Une vie résolument moderne pour les 250 familles et 800 travailleurs de cette bourgade en plein de désert.

Cette journée sera une journée de contrastes puisqu’après les dunes de sable, nous filons quelques kilomètres plus loin, à l’océan ! Nous approchons à peine le panneau Lüderitz que nous nous embarquons sur une nouvelle piste. Celle-ci strie la bande de terre qui longe l’océan.

Des dizaines de flamands roses mangent dans les lagunes. Aussi incroyable que cela puisse paraître, certains sont carrément sur les plages battues par les vagues.

Nous arrivons à Dias point. Encore un peu d’histoire puisqu’une croix de pierre a été érigée en 1488 par Bartolomeu Dias, explorateur portugais mais premier européen à avoir relié l’océan Atlantique depuis l’océan Indien. Il revenait ainsi du cap de Bonne-Espérance (Afrique du sud).

L’endroit est très venteux mais de nombreux oiseaux se prélassent au soleil ou pêchent. Il y a des canards, des mouettes, des flamands roses et toutes sortes de petits oiseaux. En haut du rocher où a été érigée une reproduction de la croix ( les pièces de l’originale sont dispersées entre Lisbonne, Berlin et Le Cap !), nous apercevons des otaries avec les jumelles de Sasha; elles prennent un bain de soleil dans les rochers en face de nous.

Il y a également un phare.

Nous nous installons à l’improbable coffee shop qui se trouve près du parking pour boire cappuccinos et chocolats chauds.

Nous continuons notre chemin jusqu’à Grosse Bucht, à l’extrémité sud de Lüderitz, où une immense plage sauvage offre un tableau tout à fait remarquable. Encore quelques arrêts photos parmi les flamants roses.

Il est 15 h 15. Nous nous dirigeons enfin vers Lüderitz où nous ferons étape. Cette nuit encore, nous dormirons dans des draps frais. Ne revenant pas sur Aus, nous avons fait le choix de rester sur Shark Island, reliée à la ville par une route. L’emplacement de la pension est magnifique car elle donne sur l’océan mais cela décoiffe car c’est très venteux !

Quand nous arrivons, toute la tribu a l’impression d’avoir gagné l’épreuve de confort à Koh-Lanta : ça sent bon (on s’arroserait bien avec les savons liquides déposés au bord du lavabo), c’est rutilant de propreté et tellement joli !!

Ce soir nous dormirons bercés par le bruit des vagues…